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Le cortex cérébral n’a pas l’exclusivité des commandes sur notre organisme. Les chercheurs découvrent l’indépendance d’action de l’appareil digestif et sa capacité à régir nos émotions.

En transférant la flore intestinale d’une souris obèse à une autre qui ne l’était pas, des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique ont fait une découverte surprenante :

…non seulement l’animal s’est mis à grossir lui aussi, mais son comportement vis-à-vis de la nourriture a radicalement changé, tant au niveau des préférences gustatives que de la façon, plus compulsive, d’avaler ses rations.

« Cela signifie que le contenue de notre ventre a indéniablement la capacité d’influencer le fonctionnement normal du cerveau » annonce Karine Clément, directrice de l’Institut du métabolisme cardiovasculaire et de la nutrition à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

100 000 milliards de bactéries peuplent nos parois intestinales, dix fois plus que le nombre total de cellules du corps humain ! Mais il y a mieux : comme notre cerveau, notre ventre produit également de la sérotonine, un des neurotransmetteurs qui participent à la gestion de nos émotions ! Le ventre produit 95 % de la sérotonine totale de notre corps.

« Le ventre est notre premier cerveau, voire notre cerveau original » va jusqu’à avancer Michel Neunlist, chercheur Inserm à l’Institut des maladies de l’appareil digestif.

Grâce à d’autres neurotransmetteurs que la sérotonine, ce « cerveau du bas », qui assimile les aliments, digérerait aussi nos émotions, donnant foi aux expressions populaires : « avoir l’estomac noué », « avoir la peur au ventre »… Le ventre a le pouvoir de donner naissance à du découragement ou de l’enthousiasme, de l’impuissance ou du plaisir, de la dépression ou de l’accomplissement. Il serait même doué de mémoire et contiendrait les archives de notre vie émotionnelle. Une conversation continue s’opère entre la tête pour penser et le ventre pour ressentir.

Le ventre est une fenêtre ouverte sur le système nerveux central.

Source « Les Echos » – 26 mai 2014